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Tensions de famille en Occident
LE DIVORCE ÉTATS-UNIS - EUROPE 1|3
A l’occasion de la venue de Donald Trump en France, le 11-Novembre, « Le Monde » consacre une série d’articles à la crise des relations transatlantiques. Aujourd’hui, la prise de conscience progressive, par les Européens, de la difficulté à maintenir le lien avec cet allié historique.
Ils étaient trois, comme les rois mages, sans or ni encens, mais avec une furieuse envie de s’épancher en arrivant à Paris, ce lundi 9 avril. Six jours plus tôt, les présidents des trois Républiques baltes se trouvaient à Washington, oùils avaient été reçus par le président d’un grand pays pour lequel la Lituanie, la Lettonie et l’Estonie, libérées en 1991 du joug soviétique, n’ont que gratitude et admiration. Pourtant, lorsque Emmanuel Macron les accueillit à l’Elysée pour déjeuner, se souvient un haut responsable présent, ils étaient encore « traumatisés » par leur rencontre avec Donald Trump. (波罗的海三国在1991年对美国满怀感激和钦佩,因为是美国把他们从苏维埃共和国的枷锁中解放了出来。然而六天前他们在华盛顿与美国总统的会晤使他们备受创伤,之后在爱丽舍宫与法国总统共进午餐时,其中一种高层领导人还清晰记得他们与美国总统不愉快的会晤。)
Il y avait là Dalia Grybauskaite, la présidente lituanienne. Forte femme, polyglotte, ceinture noire de karaté, elle a connu l’Union soviétique de l’intérieur, comme membre du parti. A ses côtés, Raimonds Vejonis, son homologue letton; premier membre d’un parti vert élu chef d’Etat dans un pays de l’Union européenne, il a aussi été ministre de la défense. Et enfin, fermant la marche, la benjamine, Kersti Kaljulaid, brillante et dynamique présidente estonienne.
Leur traumatisme n’émanait pas tant de la rituelle conférence de presse tenue avec Donald Trump à la Maison Blanche; ce dernier y avait, sans surprise, rendu hommage à ces pays «travailleurs», peuplés de «gens formidables», où les journalistes, contrairement à leurs confrères américains, ne produisent pas de «fake news». Le plus dur, confièrent-ils à leur hôte français ce lundi d’avril, fut l’entretien qui avait précédé cette conférence et que M. Trump ouvrit en leur attribuant la responsabilité de la guerre de Yougoslavie. Il leur fallut quelques instants pour réaliser que «Baltes» et «Balkans» s’étaient mélangés dans l’esprit du président américain, apparemment peu instruit en la matière par sa femme, Melania, pourtant originaire de l’ex-Yougoslavie. (过了一会他们才意识到美国总统把巴尔干诸国和波罗的海三国混为一谈了,很明显他根本就不了解她妻子,因为她妻子其实是前南斯拉夫联盟的。)
Ce n’était pas tout. Donald Trump leur reprocha encore de ne pas dépenser assez pour leur défense – alors qu’ils font plutôt partie des bons élèves de l’OTAN. Il leur dit tout le mal qu’il pense de Nord Stream 2, le gazoduc en construction sous la mer Baltique pour acheminer du gaz russe en Allemagne – alors que les Etats baltes ne participent pas au projet. Enfin, il leur demanda de se montrer plus conciliants avec leur voisin russe, au nom de l’amélioration des relations avec Moscou – alors que les trois petites Républiques sont en première ligne face à la menace russe. (就是说特朗普根本没搞清情况,他指出了北溪天然气管道二期的种种不好,然而波罗的海三国其实与这个项目无关,他还要求三国去亲近俄罗斯,殊不知这三国处于反对俄罗斯的前线。)
LE SYNDROME DU SOMNAMBULISME
梦游症症状
Les présidents baltes doivent retrouver Donald Trump à Paris dans quelques jours, parmi la soixantaine de chefs d’Etat invités à commémorer l’armistice du 11 novembre1918. Un siècle après la Grande Guerre, l’atmosphère, en cette fin 2018, est étrange. Si tous les Européens ne sont pas aussi francophiles que les dirigeants baltes, tous, en revanche, sont inquiets. Remis au goût du jour il y a cinq ans par un historien de Cambridge, Christopher Clark, le syndrome du somnambulisme a gagné le vocabulaire géostratégique. Christopher Clark est l’auteur d’un livre passionnant, publié à la veille du centenaire du début de la première guerre mondiale, Les Somnambules (Flammarion, 2013), dont la chancelière Angela Merkel a recommandé la lecture à ses ministres; ce récit des rivalités des puissances européennes et de leur inexorable marche vers une guerre catastrophique est devenu un best-seller international.
Le président Macron aime, lui aussi, conjurer les somnambules lorsqu’il veut lancer des mises en garde contre la montée des nationalismes en Europe. De l’autre côté de l’Atlantique, un politologue américain, Robert Kagan, qui s’est fait un nom il y a quinze ans en comparant, au moment de l’invasion américaine en Irak, les États-Unis à Mars et l’Europe à Vénus, utilise également la métaphore du somnambule pour sonner le tocsin sur la politique étrangère de Donald Trump : les guerres commerciales ont souvent été les signes précurseurs de guerres plus meurtrières, rappelle-t-il dans un livre tout juste publié sur le rôle des États-Unis dans le monde, ou plus exactement sur le rôle qu’ils ont cessé de jouer. The Jungle Grows Back («la jungle repousse », non traduit) : c’est le titre du livre et c’est aussi, d’après Kagan, ce qui se passe lorsque la puissance qui servait de garant à l’ordre mondial qu’elle a façonné s’en retire. (标题也揭示了当强国从世界舞台上退出后,那个曾经由他主导的世界会发生什么改变。)
The Jungle Grows Back : Recent years have brought deeply disturbing developments around the globe. American sentiment seems to be leaning increasingly toward withdrawal in the face of such disarray. In this powerful, urgent essay, Robert Kagan elucidates the reasons why American withdrawal would be the worst possible response, based as it is on a fundamental and dangerous misreading of the world. Like a jungle that keeps growing back after being cut down, the world has always been full of dangerous actors who, left unchecked, possess the desire and ability to make things worse.
Voilà les pensées noires que l’on nourrit, à l’automne 2018, au sein des élites européennes et américaines, dégrisées de l’euphorie de la dernière décennie du XXe siècle, lorsque la fin de la guerre froide voyait triompher la démocratie libérale et l’ouverture des marchés mondiaux. (冷战的结束结症了自由民主的胜利和全球市场的开放。)Un homme cristallise ce retournement, aux yeux des Européens : Donald Trump. C’est le paradoxe de ce centenaire : la famille transatlantique se brise et le responsable du divorce est celui qui est considéré comme le chef de la famille – le président des États-Unis.(正是唐纳德·特朗普使我们真正地看到了这个世界的变化,特别是对欧洲人,这实际上是上个世纪的一个悖论,美国和欧洲关系破裂了,而始作俑者正是这个西方大家庭的主导者——美国总统。)
« Ce président est la négation d’une politique qui a été celle de l’Alliance atlantique occidentale, analyse sobrement, dans son bureau voisin du Reichstag, à Berlin, le député CDU Norbert Röttgen, président de la commission des affaires étrangères du Bundestag. Il nous place dans un état d’insécurité, de crise. Nous touchons à la fin d’un cycle historique, celui de l’après-deuxième guerre mondiale. »
«WHO’SNEXT?»
谁是下一个走的?
Faire la tournée, en ce moment, des principales capitales européennes, c’est recueillir la complainte des grands blessés, orphelins et gueules cassées de l’Alliance atlantique. Comme toujours dans ces retournements, certains ont plus à perdre que d’autres ; quelques-uns pensent même faire d’une crise une opportunité. L’inquiétude est générale, mais les divergences sur l’avenir profondes.
Comment en est-on arrivé là ? Cette prise de conscience d’un bouleversement majeur dans l’étroite relation Europe-États-Unis ne s’est pas faite du jour au lendemain. Les signes avant-coureurs ont été sous-estimés. En réalité, le repli américain avait déjà été amorcé par le président Barack Obama, tirant les leçons du fiasco des aventures moyen-orientales de son prédécesseur, George W. Bush, au début des années 2000, « pivotant» vers l’Asie et annonçant, dès son arrivée au pouvoir, en 2009, que le temps était venu de « faire du nation-building chez [eux] », plutôt qu’à l’extérieur. N’était-ce pas ce même Barack Obama qui se contentait de « diriger depuis l’arrière », derrière la France et la Grande-Bretagne, l’opération libyenne en 2011 ? N’était-ce pas ce président, adulé en Europe, qui reprochait à ses alliés d’être des « free riders », des passagers clandestins protégés aux frais du contribuable américain ? Un partage du fardeau plus équitable n’était-il pas déjà le sujet central du sommet de l’OTAN en 2014? Le monde changeait, mais Oncle Sam gardait le sourire et Angela Merkel était sa meilleure amie.
L’éloignement des États-Unis de l’Europe « est antérieur à Trump, confirme Claudia Major, experte des questions de sécurité à la fondation SWP, à Berlin. Ce qui est nouveau avec ce président, c’est qu’il ne partage plus les mêmes valeurs. La relation fusionnelle entre l’Europe et les États-Unis, c’est fini ». Ce qui est nouveau aussi, c’est l’abandon par la première puissance mondiale du multilatéralisme qui régit les relations internationales, en faveur du chacun pour soi. L’ancien premier ministre suédois Carl Bildt s’en est alarmé il y a trois semaines, dans un discours à Berlin : « Un monde d’Etats souverains engagés dans une féroce compétition, à peine liés par des règles ou un ordre communs, a-t-il dit, c’est quelque chose à quoi l’Europe s’est essayée dans son histoire, toujours avec le même résultat catastrophique. Pour nous, cela ne ressemble pas au chemin de la paix. Cela ressemble au chemin de la guerre. »
Mais, avant d’arriver à ce constat dramatique, les Européens ont espéré. Espéré qu’après l’orgie de démagogie de la campagne électorale de 2016, Donald Trump endosserait les habits présidentiels et rentrerait dans le rang. Détrompés, ils ont espéré que des « adultes », dans son entourage, prendraient le dessus. (使用各种蛊惑手段成为总统后,唐纳德·特朗普开始变得循规蹈矩起来。但是当欧洲人醒悟过来后,他们希望特朗普身边的“成年人”能发挥更大的作用。)Et ils ont essayé de naviguer dans le chaos de la première année du mandat Trump, en espérant, toujours, que la tempête soit passagère.