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Tension de famille en Occident (II)
DU MÉPRIS À L’HOSTILITÉ
从蔑视到敌对
Chacun a choisi sa tactique d’approche face à cet incroyable nouveau locataire de la Maison Blanche, la tâche la plus délicate incombant à la chancelière allemande : « C’est à elle qu’Obama avait remis le flambeau du monde libre, explique Ulrich Speck, chercheur au German Marshall Fund. Donc Trump la déteste, d’autant plus qu’elle incarne tout ce qu’il a en horreur : le climat, l’immigration, les excédents commerciaux... » A ce passif déjà lourd, Angela Merkel ajoute un handicap supplémentaire aux yeux du dirigeant américain, qui ne deviendra évident que plus tard : celui d’être une femme. Elle partage cette caractéristique, ainsi que celle d’être fille de pasteur, avec la Britannique Theresa May, qui, « relation spéciale » anglo-américaine oblige, est la première à débarquer à Washington, une semaine à peine après l’investiture de Donald Trump, en janvier 2017.
Ce jour-là, celui-ci est tout sourire et la prend ostensiblement par la main pour longer la roseraie de la Maison Blanche, mais rien ne sortira de cette visite. Pas plus qu’il ne sortira quoi que ce soit de celle, en mars, de Mme Merkel, sinon l’évidence de ce qui les sépare ; loin de prendre la main de la chancelière, le président Trump semble même refuser de la lui serrer devant les photographes (« un malentendu », dira-t-il). Emmanuel Macron n’est, à ce moment-là, que candidat, mais, une fois élu, il invite le couple Trump à Paris pour le 14-Juillet. Un coup de maître, pensent certains, tant Donald Trump se montre émerveillé. « Un coup assez unilatéral, critique l’expert allemand Josef Janning, du European Council on Foreign Relations. Macron est impatient, il tire toutes les ficelles ! » Mais un coup pour rien, ou presque. A ce stade, le président américain a déjà annoncé le retrait des Etats-Unis de l’accord de Paris sur le climat et M. Macron ne le fait pas changer d’avis. « Merkel, résume l’Américaine Kori Schake, directrice adjointe de l’International Institute for Strategic Studies (IISS) à Londres, a choisi d’incarner les valeurs occidentales, de donner l’exemple de ce qu’elle considérait devoir être le comportement d’un président américain. May, [Shinzo] Abe [le premier ministre japonais], Macron, eux, ont essayé de jouer l’amitié avec Trump. Mais leurs amabilités ne leur ont pas rapporté plus que ce qu’a récolté Merkel, c’est-à-dire rien. » (美国国际战略研究所副所长说道:默克尔代表西方世界的价值观,并告诉特朗普她认为一个美国总统该做什么,与之相反梅和安倍还有马克龙却选择亲近特朗普。但他们亲近特朗普得到的好处也没比默克尔得到的多。)
Ce que ces premiers échanges, ainsi que les sommets du G7 en Italie puis de l’OTAN à Bruxelles, en mai 2017, ont permis aux Européens de constater, c’est la profonde incompréhension, doublée de mépris, du nouveau président américain à l’égard de l’Union européenne en tant qu’institution – « le consortium»,(特朗普觉得欧盟就是财团,他根本就不了解欧盟,甚至有点蔑视) dit-il. Il trouve le Brexit formidable et attend avec impatience que d’autres s’engouffrent dans la brèche. Ambassadeur des Etats-Unis auprès de l’UE à Bruxelles du temps de Barack Obama, Anthony Gardner a quitté ses fonctions, comme il en a reçu l’ordre de la nouvelle administration, le 20 janvier 2017, « à midi, eastern time », jour de l’investiture de M. Trump. «Avant mon départ, raconte-t-il, Donald Trump a appelé Donald Tusk [le président du Conseil européen] et la seule question qu’il lui a posée a été: “Who’s next ?” Qui est le prochain à quitter l’Union ? »
Avec lui, il faut faire de la pédagogie, expliquer encore et encore qu’il ne peut pas négocier d’accords commerciaux bilatéraux avec Berlin, Rome ou même Londres, que cela relève de Bruxelles, dire pourquoi la France et l’Allemagne sont si intégrées, raconter l’Histoire, contredire les « fake news » qu’il propage lui-même sur la vie en Europe. «Mais pourquoi ne quittes-tu pas l’UE? demande-t-il un jour à Emmanuel Macron, estomaqué, selon un diplomate présent. Je pourrais négocier un bon accord commercial avec toi ! » Ce mépris va peu à peu se transformer en hostilité ouverte pour le projet européen, au point de qualifier l’UE, en 2018, d’« adversaire ». De tout temps, « les Américains ont considéré qu’une Europe forte devait se conformer à leurs objectifs, observe un haut fonctionnaire à Paris, mais une opposition viscérale au projet en tant que tel, nous n’avions jamais connu ça ».
Donald Trump est convaincu que l’UE a été fondée pour « piller la tirelire » américaine. L’idée selon laquelle le système créé par les Etats-Unis joue désormais en leur défaveur, alors qu’il avantage les Européens, est profondément ancrée dans sa tête. Il fait une véritable fixation sur les exportations de voitures allemandes et ne supporte plus la vue d’une Mercedes sur la 5e Avenue de New York. Il l’a promis à ses électeurs: il faut en finir. Cela débouchera sur la décision d’imposer des droits de douane sur l’acier et l’aluminium «pour des raisons de sécurité nationale» et la menace, qui tétanise les Allemands, d’en ajouter sur les automobiles.
L’affaire la plus grave cependant, celle qui va ouvrir pour de bon les yeux des Européens, c’est l’accord sur le nucléaire iranien, que les experts appellent par son sigle, le JCPOA (Joint Comprehensive Plan of Action).
SAVOIR-FAIRE DIPLOMATIQUE
外交手腕
Aboutissement de douze ans d’efforts, initiative européenne, cet accord est l’archétype de la diplomatie multilatérale. Il est signé le 14 juillet 2015 avec l’Iran par les Etats-Unis, la Chine, la Russie, la France, la Grande-Bretagne et l’Allemagne, ainsi que par l’UE; Téhéran consent à limiter son programme nucléaire et s’engage à renoncer à son versant militaire en échange de la levée des sanctions, ce qui lui ouvrira l’accès au marché mondial et lui permettra de faire repartir son économie. 伊朗同意限制自己的核项目进程,并且暂停军事方面的投资,而作为交换,伊朗要求各国取消对其制裁,以此进入国际市场、重振伊朗经济。 Les Européens ont investi dans cette négociation tout leur savoir-faire diplomatique, tout en étant conscients des imperfections de l’accord. Donald Trump, très attaché à défaire tout ce que son prédécesseur a fait, considère, lui, cet accord « horrible, horrible », comme « le pire que les Etats-Unis aient jamais conclu » et a juré de le dénoncer. Il fixe la date du 12 mai 2018 pour sa décision.
Les Européens – essentiellement les «E3», Paris, Londres et Berlin – décident de se battre pour sauver l’accord. Des équipes de diplomates des trois pays travaillent d’arrache-pied, à partir de janvier, avec un haut fonctionnaire du département d’Etat, Brian Hook, afin de trouver des compromis acceptables à la fois pour la Maison Blanche et pour Téhéran. A Davos, fin janvier, Donald Trump invite à dîner une vingtaine de PDG de grandes entreprises européennes. Patrick Pouyanné, le patron de Total, qui a engagé des investissements en Iran, en fait partie. Lorsqu’il interroge le président sur l’avenir de l’accord sur le nucléaire, celui-ci passe la parole à son chef de la diplomatie, Rex Tillerson, qui expose aux convives une vision eurocompatible. Rien n’est perdu. Les diplomates continuent à travailler.
Le 24 avril, le président Macron arrive à Washington. C’est, comme disent les Américains, «a big affair»: une visite d’Etat de trois jours, pendant laquelle le couple Donald-Melania ne ménage pas ses efforts pour être à la hauteur de leur accueil en France l’année précédente. Emmanuel Macron est alors «au mieux de sa forme», relève un de ses collaborateurs, et se fait ovationner au Congrès par démocrates et républicains réunis. Un discours fort, très critique pour les positions de Donald Trump, qui n’en prend pas ombrage puisqu’il l’appelle un peu plus tard sur son portable pour le féliciter... Il est comme ça, Donald : il aime les « winners » et méprise les faibles.
«LAGIFLE»
被现实打脸
Mais, derrière les murs du bureau ovale, Macron essuie un échec: Donald Trump lui confirme qu’il va sortir du JCPOA. A vrai dire, le Français l’a compris en arrivant, mais il tente quand même son va-tout : au débotté, il propose une formule qui permettrait de construire au-dessus de l’accord sur le nucléaire un engagement à long terme sur les autres volets du différend entre les Iraniens et les Occidentaux et que Washington considère comme rédhibitoires. Il ne reste plus que deux semaines avant la date butoir ; Angela Merkel, puis Boris Johnson, alors chef de la diplomatie britannique, font le voyage à Washington sur les talons de M. Macron pour appuyer sa proposition, jouant loyalement la solidarité européenne. En vain. Donald Trump n’a que faire de leurs plaidoyers; Israël, l’Arabie saoudite et les Emirats arabes unis ont plus de poids à ses yeux.
Fin mars, il a opéré un changement important dans son équipe : deux des « adultes », le général H. R. McMaster, conseiller à la sécurité nationale, et le secrétaire d’Etat, Rex Tillerson, ont été remplacés respectivement par John Bolton et Mike Pompeo, deux « durs », très remontés contre l’Iran. Le 8 mai, Trump annonce le retrait américain de l’accord(特朗普宣布美国退出伊核协定。). Pis (更糟糕的是): non seulement Washington quitte l’accord, mais il entend empêcher ses partenaires de l’appliquer. Toute compagnie étrangère faisant des affaires avec ce pays s’exposera à des sanctions. L’ambassadeur américain à Berlin, Richard Grenell, intime l’ordre aux entreprises allemandes, dans un Tweet bien peu diplomatique, de quitter l’Iran sur-le-champ.
être remonté contre quelqu'un : Être en colère contre quelqu'un.
Cette fois, les Européens mesurent l’ampleur de la fracture avec les Etats-Unis. «A Berlin, la déception a été énorme, analyse Mme Major. Le JCPOA avait été un moment très fort, une fierté: on réussissait à gérer un problème de prolifération par la négociation multilatérale, grâce à un système basé sur des règles, et non sur la force. Son rejet par M. Trump a été une gifle.(他的退出很明显打脸了) On a compris qu’on était en présence d’une crise systémique. »
Impuissante face au «privilège exorbitant» du dollar, selon l’expression de Valéry Giscard d’Estaing, l’Europe veut pourtant faire front, alors que ses multinationales, contraintes et forcées, quittent l’Iran. Le principe de l’extra-territorialité des sanctions américaines lui paraît désormais intolérable. Les « E3 » décident de travailler à un mécanisme qui leur permettrait de contourner les sanctions. Ce n’est pas pour demain, mais Washington réagit très mal à cette initiative, à laquelle John Bolton promet « des conséquences terribles ». L’affaire iranienne a été un tournant dans la relation transatlantique. A partir de là, les amabilités de façade vont céder la place à l’affrontement sur d’autres dossiers. 从这个转折点开始,越来越多的争端将会打破和平友好的局面。